Cet article a inititalement été publié dans International
Quand un village devient un musée du street-art à ciel ouvert
Alors comme ça, vous croyez que le street-art est un art forcément éphémère ? Sachez que tout le monde n’est pas de cet avis. Et notamment pas Mehdi Ben Cheikh. Ce spécialiste de l’art contemporain basé à Paris a vu les choses en grand : pour lui, les murs sont des canevas vierges qui ne demandent qu’à être couverts d’œuvres d’art !
Pour Mehdi Ben Cheikh, un monde sans street-art, c’est comme un monde sans eau pétillante — plat, triste, impensable. Alors, pour permettre à un maximum de gens de profiter de ce qui se fait de mieux dans le domaine, il a décidé de transformer le joli petit village de Erriadh, sur l’île de Djerbah, en véritable musée à ciel ouvert. Une première, qui a pour nom « Djerbahood ».
Mais qu’y a t-il de fou là-dedans, vous demandez-vous. Ça tombe bien : on a la réponse. Avant, Erriadh était surtout connu pour La Ghriba, la plus vieille synagogue d’Afrique du Nord. Aujourd’hui, son nom rime avec street-art : 150 artistes de 30 nationalités se sont exprimés sur ses murs pour donner vie au rêve de Mehdi Ben Cheikh, chacun faisant étalage de sa créativité.
« Le village est magnifique et je pense que ce projet incitera les gens à venir le découvrir et à l’explorer, » explique eL Seed, un artiste tunisien qui a pris part à l’aventure Djerbahood. « Les étrangers apprendront des choses sur la culture tunisienne et pour les locaux qui n’ont jamais quitté l’île, c’est une ouverture sur le monde. »
Incroyable mais vrai : les habitants du village ont accepté de bon cœur que les street-artists s’expriment sur leurs murs, et ce, sans savoir à l’avance ce qu’ils allaient y faire. Résultat : Erriadh est devenu l’une des destinations touristiques les plus en vogue de Tunisie. Ses œuvres surprenantes contrastent avec les rues typiques et apportent un zeste d’excentricité au village.
Vous aimez le concept ? Pas étonnant : le créateur et curateur de Djerbahood connaît son métier. Il promeut l’œuvre de nombreux street-artists à travers le monde depuis un bail. Pour lui, « le street-art est le plus gros mouvement artistique de l’histoire, et le plus singulier car il touche tout le monde et ne dépend pas des institutions conventionnelles, » comme il l’explique à l’International New York Times. « Mon rôle, c’est d’aider les artistes à se développer et à s’exporter, » conclut-il.
Mehdi Ben Cheikh, n’est pas du genre à respecter les règles, comme le prouve son improbable aventure, à mille lieues des centres d’arts traditionnels. Alors, n’hésitez plus : sautez dans le prochain avion pour Djerbah, et venez découvrir le Hood !